… Aime sauver l’humanité – Gastronomie et développement durable, donner du sens à l’inutile
Je me souviens comme si c’était hier, de ce jour à la fac ; Papa, alors intervenant dans mon université, nous racontait la parabole des 3 tailleurs de pierre :
Crédit dessin Papa
Au bord d’un chemin, Trois bagnards taillent des pierres.
Mêmes outils, même endroit, même rythme, même pierre, mais pas le même sourire.
Un randonneur passe à côté et leur demande ce qu’ils font.
Le premier répond en grognant et sans cacher son air malheureux :
« Je taille des pierres pour purger ma peine ».
Le deuxième ni heureux ni malheureux répond qu’il
tente de gagner quelques pièces pour aider sa famille.
Quant au troisième, le sourire bien accroché à ses deux oreilles claironne :
« je construis une cathédrale!! »
Moralité : notre bonheur au travail (et dans la vie) dépend aussi du sens que nous donnons à ce travail (et à notre vie).
Ce jour-là, ma philosophie de vie a pris une nouvelle dimension. Depuis, je ne fais que des grandes choses. J’ai participé à l’amélioration continue d’entreprises, au bien-être de mes équipes en mission, … Puis j’ai appris au monde à bien se nourrir et à apprendre à faire maison. Je soutiens la restauration pour montrer à tout l’univers le travail et la passion des chefs. Je rends heureux ma famille et mes ami(e)s. Bref je suis une fée qui distribue des ondes positives et accomplit chaque jour des choses immenses.
Depuis quelques mois, j’ai décidé, tout simplement, de sauver l’humanité. C’est beau comme job ça non? Alors je mets en œuvre de grandes actions dans ce sens : passage d’EDF à Enercoop, suppression de tous les plastiques au cookcoon (à 95%), fabrication d’un lombricomposteur à base de palettes recyclées, suppression de produits d’entretien chimiques, mystérieux et malsains, achats de produits bio, et j’en oublie et mille meilleurs. À chaque fois que je passe devant une pièce éclairée pour personne, j’éteins en pensant : je sauve mes congénères. Autant vous dire que je me couche tous les soirs heureuse de la mission accomplie, et me réveille tous les matins, boostée par la mission à accomplir. Sauf que je peux faire encore mieux !
Féodora, mixologiste cuisinier
Naturellement, j’en suis venue à me demander comment aligner mes pérégrinations et mon blog avec cette philosophie de vie. C’est à travers un petit échange de sms avec Féodora, puis surtout, grâce à une longue et passionnante discussion avec Guillaume Foucault le temps d’un TGV Paris-Metz que j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure côté « foodie » et « blog ». Feodora m’a demandé des noms de chefs chez qui aller en stage, je cite « des Chefs comme Loic ou Willy, ou encore Florent« . Ce qu’elle sous-entend? Des Chefs inspirants, autrement dit, des Chefs qui ont trouvé un sens.
Quant à Guillaume Foucault… Bah c’est Guillaume quoi… Pour résumer : si tous les Chefs faisaient ce que lui fait sur son territoire, la France serait écologiquement sauvée – peut-être même économiquement, politiquement et socialement. Je sais que ce que j’écris ici est très fort. C’est surtout Guillaume qui est très fort. Je vous expliquerai bientôt. Promis :-).
Bref, au cours de cet échange dans le TGV, nous arrivons à la conclusion qu’il faut donner du sens… Je le vois celui qui lit et se dit “Rien de nouveau sous le soleil Stef!”… Si justement, c’est nouveau en cuisine. Souvenez-vous de mon introduction dans ce billet : la gastronomie ne sert à rien qu’à l’autosatisfaction de nantis. Je vous avoue que je le pense vraiment en fait. Il existe encore des restaurants qui cuisinent n’importe quoi en traitant n’importe comment leur personnel, n’importe quand puisque les saisons leur échappent, n’importe où car ils sont déconnectés de leur terroir – @Guillaume : tu as vu, je parle de terroir ;-)-, tout cela à des prix injustifiés sous prétexte de notoriété. Je ne peux plus rester les bras ballants face à la notoriété de ces lieux alors que d’autres font des merveilles dans l’anonymat le plus total. La haute gastronomie en elle-même ne sert à rien. Mais vraiment à rien. Je défie quelqu’un de trouver une raison à toutes ces dépenses d’argent, d’énergie et de ressources humaines aux horaires tordus et aux salaires réduits comme les têtes des Jiravos.
Guillaume Foucault – Pertica, lors du 4-mains chez Loic Villemin
Ainsi, je déclare officiellement ouverte
la chasse aux Chefs qui donnent du sens, le bon sens i.e. celui que j’ai choisi!
Je ne parlerai désormais que des Chefs qui font les choses bien selon moi, pas parfaitement bien ; juste bien…
En veillant à leurs achats (origine, qualité, respect et mise en avant des fournisseurs, impact écologique, etc.).
En veillant à leur personnel… En choisissant la voie du développement durable…
En prenant soin de leurs clients autant que de Dame Nature.
Désormais, je vous expliquerai pourquoi je parle de tel ou tel Chef,
et vous expliquerai quel est le sens qui l’anime.
Pour autant,
je ne serai pas une intégriste dans mes choix de Chefs, parce qu’ils ne peuvent pas être sur tous les fronts
et parce que les petites rivières font les grands fleuves.
Je ne serai pas non plus une intégriste sur le suivi des critères: si le Chef cuisinent des produits locaux
mais, une fois, se fait plaisir avec une mangue, je serai tolérante.
Le minimum vital sera de savoir bien cuisiner – toujours selon moi –
et de cuisiner de saison, ces 2 éléments étant à mon sens, des pré-requis.
Les limites avouées de l’exercice :
Il est évident que je ne pourrai pas vérifier le comportement d’un Chef envers son équipe ni éplucher ses factures pour vérifier la localité ou durabilité de ses achats. La confiance, et même l’instinct seront de mise et nous devrons accepter la marge d’erreur.
Enfin, je ne passe pas mon temps sur la route à la recherche de ces Chefs « Verts ». Donc la liste des tables DD (*) ne prétendra pas être exhaustive et encore moins parfaite. Par contre, elle ne sera jamais sponsorisée et je promets la transparence. Cette recherche et cette liste ont surtout pour vocation de répondre à mes préoccupations, d’initier un mouvement, de sensibiliser et de vous emmener avec moi dans ce voyage vers une Humanité préservée.
Merci pour votre aide à trouver ces Chef(fe)s/Cuisinier(e)s DD (*)
(*)DD = Développement Durable
Marchetti
5 mars 2019 @ 11:56 am
Holà Stéphanie, il convient de rendre indissociable l’enjeu écologique et le social pour répondre à l’urgence écologique. Merci pour cette sensibilisation et cette initiative.
@ bientôt j’espère.
Guy
Stéphanie BITEAU
8 mars 2019 @ 9:13 am
Merci aussi à vous, car je sais que vous êtes de ceux qui veulent changer le monde 🙂