Aime relever le défi locavore – Etape 1 : Stéphane Linou, c’est qui et pourquoi lui ? Et une pizza au panais
Comme pour beaucoup d’entre nous, c’est en 2015, grâce au documentaire « Demain » de Cyril Dion, que j’ai commencé à sentir cette odeur de roussi. C’est durant l’été 2018 que j’ai réalisé l’ampleur du feu. Cet été-là, je l’ai passé à dévorer des documentaires, des livres, des conférences… Tout était bon pour comprendre. Une vraie boulimie de mauvaises nouvelles.
De fil en aiguille, j’ai découvert les célèbres Pierre Rabhi ou Vandana Shiva, mais aussi Arthur Keller, Alexandre Boisson, et beaucoup d’autres qui consacrent leur vie à étudier la question, à alerter et à aider à construire des solutions. Je les admire beaucoup. Ce sont des personnes éclairées et éclairantes. Ce sont surtout des personnes qui ne lâchent rien et qui continuent sans cesse de répéter les mêmes alertes, d’expliquer les mêmes limites planétaires, de vulgariser le même discours … Je leur suis absolument et profondément reconnaissante, pour leur intelligence et pour leur incroyable abnégation. #NouveauxHeros
Dans le grand et gros bordel mondial que nous avons fichu et qui ne se limite pas à la question du CO2, chacun choisit son cheval de bataille. Edouard Bergeon alerte sur l’état délétère de notre milieu agricole. Cyril Dion documente des solutions locales et dénonce l’inaction du gouvernement ainsi que sa connivence avec les lobbys. D’autres expliquent la limite des ressources ou prêchent pour le zéro déchet. A chacun son angle d’attaque et ils sont tous valables. Mais c’est quand je suis tombée sur l’approche de Stéphane LINOU que je me suis dit « ok, ça c’est pour moi! ».
Stéphane LINOU
Son nom ne vous dit rien, pourtant, vous le connaissez. Si si, promis ! Parce que vous connaissez le concept de « locavorisme ». Et bien c’est lui qui l’a inventé. En 2008 ! Il y a 14 ans ! Je parlais d’abnégation ; en voilà un qui mène son combat depuis de nombreuses années.
L’idée géniale que Stéphane a eue, ce fut de lancer le locavorisme en relevant lui-même le défi de manger pendant 1 an, uniquement des produits de sa région. Pari réussi, car le concept est entré dans la tête des journalistes puis dans le langage courant.
Si Stéphane a créé et utilisé le locavorisme pour attirer l’attention, c’est parce qu’il est la clé de voute des solutions possibles au grave problème qu’il soulève : Stéphane alerte sur la non résilience alimentaire de nos territoires et en fait une question de sécurité nationale.
Pour faire bref, il explique 3 choses :
- Il démontre pourquoi notre système d’approvisionnement alimentaire est d’une délirante fragilité et comment une rupture génèrerait des troubles majeurs à l’ordre public,
- Puis il révèle que notre « merveilleux » gouvernement n’a, juste, AUCUN plan de secours en cas de rupture du dit système (Allo ?!?!),
- Enfin, il donne des pistes concrètes pour re-consolider ce système dont la responsabilité relève non seulement de nos élu.e.s à tous les étages de la pyramide (commune, com’com, département, région, nation). mais aussi de chacun de nous, citoyen.
Je ne vais pas spoiler son discours. Je ne peux que vous inviter à faire vos propres recherches, à lire son livre « Résilience alimentaire et sécurité nationale », et, peut-être, à faire comme moi : relever son défi locavore !
Pour finir, ce que j’aime vraiment bien chez M. Linou, c’est qu’il a aligné son parcours avec son discours et ses convictions. Il a accompagné des jeunes paysans dans leur installation, lancé une AMAP, été élu au département de l’Aude puis conseiller municipal. Il a repris les études pour approfondir ses recherches, et écrit un mémoire désormais édité. Maintenant, entre autres de ses activités, il est Auditeur à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, Expert-associé au laboratoire sécurité-défense du CNAM et, surtout, consultant et formateur à l’Institut Supérieur des Elus. Bref, il est cohérent, pertinent, pointu dans son domaine et concret dans ses actions.
... A suivre dans le prochain billet : Pourquoi je rejoins M. Linou
dans le choix de l’axe de la résilience alimentaire…
Comme il n’y a pas de billet sans recette, je nous illustre le locavorisme avec une recette de pizza locale et de saison dans une version où une purée de panais a remplacé la sauce tomate, et où un duo chèvre cendré et tome vendéenne a pris la place de la mozzarelle.
Pizza locale et hivernale, au panais et aux fromages du coin
Pour 4 personnes
Préparation : 30 minutes
Cuisson : 5 minutes ; autocuiseur ; puis 20 minutes ; Four : 225°C
- Quelques tranches de fromage local (j’ai donc mis un peu de bûche de chèvre cendrée et de la tome, mais à refaire, je ne mettrais que de la bûche de chèvre, ou alors un fromage bleu mais il n’y en a pas par ici)
- Quelques graines de chia pour agrémenter (Ferme de l’anfrenière)
Pâte à pizza :
- 25 cl d’eau
- 400 g de farine T55 (Moulin de Rairé)
- 2 cl d’huile de colza (85)
- 1 sachet de levure déshydratée (le seul ingrédient non issu de Vendée)
- Sel (Ferme Vachement Salé)
Purée de panais :
- 1 gros panais (Ferme de la Bardonnière)
- Un peu de crème (Beillevaire)
- Sel
La pizz’pan’ avant cuisson
Pâte à pizza : comme j’ai la chance d’avoir un Companion, j’ai suivi la recette du livre, également disponible ici.
Purée de panais : Peler et couper le panais en morceaux. Les placer dans l’autocuiseur avec un fond d’eau. Saler. Ajouter du laurier et de l’ail si vous en avez. Cuire 5 minutes en pression. Mixer en ajoutant un peu de crème pour assouplir. Réserver.
Quand la pâte à pizza et la purée sont prêtes, préchauffer le four à 225°C.
Etaler la pâte. La placer sur une plaque. Napper de purée de panais. Garnir de tranches de fromages et saupoudrer de quelques graines de chia (ou autres graines, ou rien si vous n’en avez pas). (NB : je n’ai pas pesé le poids de purée utilisée.)
Enfourner pour 20 à 25 minutes, jusqu’à ce que le bord de la pâte soit bien coloré. Déguster dans attendre.
Autre idée : remplacez le fromage par une compotée d’oignon ou d’échalote. Ca doit être excellent aussi !
Victoria
29 décembre 2022 @ 9:48 am
Magnifiques photos
La recette me semble très goûteuse.
Moi qui n’ai pas de robot Machin je me servirai donc de mes mains pleines de doigts pour pétrir cette merveilleuse pâte
Stéphanie BITEAU
29 décembre 2022 @ 9:08 pm
Je suis certaines que vos mains pleines de doigts agiles réussiront à merveille! Bon appétit!