… Aime penser que « croissance » et écologie sont tout à fait compatibles. Petit geste #29 : J’achète français
Il y a 2 mode de pensées qui me titillent (m’agacent) beaucoup. D’une part on nous dit souvent qu’avoir un mode de vie éco-responsable coûte plus cher ou que l’écologie n’est accessible qu’à ceux qui en ont les moyens. D’autre part, on nous parle d’incompatibilité entre croissance et écologie… Excusez-moi mais QUE NENNI!
1 – L’écologie coûte cher aux consommateurs
Je peux vous garantir, puisque j’en fais l’expérience au quotidien depuis plus de 2 ans, que devenir un consommateur éclairé et attiré par une lumière plus verte, est une source ENORME d’économies. Pour vous partager ma propre expérience : quand je vivais pleinement ma vie de consommatrice parisienne, je devais facturer 15 jours par mois pour subvenir à mes besoins mais surtout à mes envies (ou caprices). Autant vous dire que facturer 15 jours ouvrés par mois revient à travailler 20 jours par mois 12 mois sur 12 (et même plus). Depuis, j’ai entamé une large démarche de réflexion et de décroissance ; j’ai quitté Paris ; j’ai tourné le dos aux hypermarchés et à toute la publicité (surtout télévisuelle) ; j’ai arrêté d’acheter quoi que ce soit de non nécessaire. J’ai réduit à minima ma consommation de viande. J’ai appris à cuisiner des déchets habituellement destinés à la poubelle (ou au compost), et plein d’autres choses encore. Aujourd’hui, pour vivre bien, je dois facturer 9 jours par mois – Et encore… A 9 jours, j’ai de la marge… Mais faut que je mette des sous de côté pour m’offrir mon Mulet du Poitou . Bref, un mi-temps suffit, je suis ravie et cela prouve que l’écologie fonctionne bien avec les petits budgets.
Je me suis amusée à ajouter « (€) » derrière tous les petits gestes déjà partagés avec vous et qui permettant de faire des économie, sur la liste à retrouver ici. Je vous laisse admirer la très nette majorité de gestes à impact positif sur le porte-monnaie.
Je précise qu’entamer une démarche écologique ne demande pas de gros investissements. Un auriculi par-ci, des lavettes en micro-fibres par-là, mais rien de fou fou.
2 – On ne peut pas penser croissance et écologie.
Je vais répondre à ce point en 2 temps :
Temps 1 :
De quelle croissance parlons-nous?… De celle qui permet à chacun de nous d’avoir une vie décente? Ou de la croissance qui sur-remplit les poches de gens qui ne savent plus comment dépenser tout ce fric?… Il faut clairement continuer à penser croissance pour le premier cas, et commencer à penser partage pour les autres… Je continuerai à parler croissance tant que je verrai autour de moi des citoyens en difficulté pour trouver un toit et se nourrir. Je continuerai à avoir une sorte de dogme capitaliste pro-entreprise tant que chacun ne trouvera pas l’emploi qui lui convienne (j’ai bien écrit « une sorte de dogme capitaliste »).
De quelle croissance parle-t-on bis?… De la croissance d’une richesse qui se compte en Euros ou de la croissance de la santé, du bien-être de nous tous, ensemble?… De la croissance des émissions de GES ou de la croissance du nombre de vélos utilisés en ville?… Il faut stopper cette croissance anormale des PIB du monde entier et directement corrélés aux émission de CO2, de méthane, de particules fines, de pesticides dans les eaux, des virus, …. Et commencer à agir pour une croissance de notre santé à tous, une croissance de la solidarité, une croissance de notre moral aussi, parce que le PIB semble aussi corrélé à la consommation de Prozac!
Temps 2 :
Avant de commencer à stresser tous mes concitoyens en leur parlant de décroissance économique en faveur d’une croissance du bien-être (oui, il y en a que cela stresse… faut pas chercher à comprendre), je me dis qu’il peut y avoir une phase de forte croissance économique impulsée par un changement global de notre consommation et de nos politiques.
Exemple 1 : la croissance post-crise, quelle que soit la crise, a souvent été possible entre autres grâce à la reprise du business du bâtiment, reprise basée sur la distribution de subventions et autres primes… Alors que devons-nous faire après la crise du COVID? Devons-nous continuer à détruire des sols cultivables en faveur de bâtiments en parpaings dégueulasses?… Ou alors ne serait-il pas malin de commencer par rénover ces trop nombreux logements passoires thermiques, et à retaper des bâtiments laissés à l’abandon pour les recycler en logements ou en locaux professionnels? Tous les experts s’accordent à dire que cela créerait des centaines de milliers d’emploi. A noter que rénover les passoires thermiques permet aussi de venir en aide aux ménages à faibles revenus… Je sais que cette proposition fait partie des 150 cogitées par mes si chers membres de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Exemple 2, qui n’a rien à voir avec l’exemple 1 mais qui parle encore de mon expérience personnelle : Imaginez que le gouvernement fasse voter une loi pour interdire à tous les citoyens de manger plus de 50 grammes de boeuf par semaine. Certes, ça réduirait les émissions de GES. Mais ça mettrait surtout au tapis une filière et de nombreux emplois. Imaginez que le gouvernement impose la viande française en taxant la viande sud-américaine, on peut être certain que des sanctions tomberaient à notre égard et nous ne serions pas gagnants. Imaginez que le gouvernement interdise la vente de viande dégueu et à bas coût, les foyers en difficulté ne pourraient plus en consommer……. Par contre, imaginons un autre scénario à travers un petit calcul et une belle histoire:
- La famille Martin, 4 personnes, consomme 1 kg de viande par semaine, à un prix dérisoire de 15 euros/kilo (et encore, on trouve beaucoup moins cher…), soit 2 repas avec steaks hachés bas de gamme, par semaine => Elle dépense 15 euros de viande par semaine.
- Si cette même famille réduit sa consommation de viande à 50 g par semaine et par personne en moyenne, soit 200g en tout, elle dépense alors 3 euros => elle économise 12 euros…
- Avec cette économie, Mme et M. Martin se disent que, désormais, ils vont cuisiner de la viande de qualité à leurs enfants. Alors ils vont chez le boucher, Mme Dupont (dans mon histoire, le boucher est une femme). Là, ils achètent donc les 200g de viande hachée qu’il leur faut pour la semaine au prix de 30 euros le kilo. En passant, Mme Dupont leur explique que ce boeuf vient de l’éleveur M. Durant, installé dans le Limousin et qui élève et nourrit ses bêtes en bio et avec respect… => M. et Mme Martin ont dépensé 6 euros.
Bilan de l’histoire :
- M. et Mme Martin nourrissent mieux leurs enfants (moins de viande et une viande de meilleure qualité).
- Ils font des économies.
- Ils participent à l’activité d’un commerce de proximité au lieu de celui d’un hyper qui ne cesse de gonfler ses marges.
- Par ricochets, ils soutiennent un éleveur respectueux de l’environnement.
- Ils soutiennent une économie nationale, et, donc, l’emploi national (et d’une certaine façon la croissance économique de leur pays si on élargit le même raisonnement à tous les biens qu’ils achètent)
- Et ils réduisent l’impact CO2 de leur consommation.
CQFD !
Il faut être honnête : oui, c’est vrai, le gouvernement manque parfois de couilles pour prendre des décisions drastiques, comme obligés à réduire à 50g notre consommation de viande par semaine (je caricature, vous l’aviez compris). Par contre, chacun de nous a la possibilité de s’orienter vers des achats locaux et écolo. Ainsi, sans que notre président ne se mette à dos nos « amis » américains, chinois ou indiens en légiférant sur la liberté de commercer au niveau mondial, la France via chacun de nous et nous tous ensemble, pourrait entrer dans une politique protectionniste (je pense que c’est le bon mot). Les politiques ne peuvent pas fermer les frontières économiques. Mais chacun de nous peut devenir un consommateur locavore et influencer la circulation de notre argent. Comme l’a écrit mon ami Facebook Enrique N. : « Le mot souveraineté véhicule un message dangereux d’enfermement et d’égoïsme. Quid si les autres pays tiennent le même discours et que l’arrêt des exportations ne compense pas cette pseudo souveraineté? Certains pourraient aussi dire on ne supporte que les chef français qui ne font que de la cuisine française avec des produits locaux, des employés et clients français !« … Oui, nous marchons sur des oeufs. Nos politiques marchent sur des oeufs, en permanence. Mais nous, individuellement, nous sommes libres de choisir la provenance de nos produits.
Attention : cela ne doit pas impliquer de devenir raciste et nationaliste extrémiste ! Au contraire ! En créant des emplois locaux dans le bâtiment ou encore l’agriculture, nous serons bien contents de pouvoir ouvrir nos bras aux migrants!
Je vous invite aussi à réfléchir sur l’initiation d’un cercle vertueux :
Honnêtement, la majorité des ménages Français ont les moyens d’acheter plus de « Fabrication Française ». Peut-être en achetant moins souvent mais en achetant « fait ici » (revoir l’exemple de la famille Martin et de ses steaks hachés). Si tous ces ménages qui décident de consommer de plus en plus Français (Européen, je suis pro-Europe), et, surtout en acceptant de payer le vrai prix des produits (*), alors ils créeront une masse énorme d’activités locales, qui génèrera d’une part une revalorisation des salaires et, d’autre part, une reprise de l’emploi. Il ne faut pas faire la politique de l’autruche : nous sommes tous responsables de certaines difficultés économiques de notre pays, car il y a des années, nous avons eu accès à des produits moins chers, nous avons pu comparer les prix, puis nous avons fermé les yeux sur la provenance, détruisant ainsi le tissus industriel ou artisanal français, perdant des savoir-faire, et créant du chômage (bien entendu les entreprises sous pression des actionnaires cupides sont aussi responsables, et les politiques laissant tout partir à vau-l’eau aussi). A titre d’anecdote, je hais le slogan d’E. Leclerc : « La vie moins chère ». Ca veut dire quoi la vie moins chère? Ca veut dire des salaires moins élevés, tout simplement.
(*) Beaucoup de ce que nous achetons à bas coût est fait, au mieux, au détriment de la qualité, ou, au pire, au détriment du respect du travailleur (travail des enfants, conditions de travail odieuses, esclavagisme moderne…) / Et les prix actuels n’incluent en aucun cas le coût climatique de la circulation abusée des produits autour de la planète.
Conclusion : Petit geste #28 : je privilégie les produits de fabrication honnête et française (Européenne).
Pour illustrer : cette photo de moi, dans mon « horrible » vie au temps de travail réduit et au budget minimaliste.
(NDLR : ces 2 chevaux ne sont pas à moi, mais sont des pensionnaires… en attendant le mulet ).
Merci Papa pour cette belle photo !
Jacques LOUIS
25 avril 2020 @ 3:29 pm
Démonstration limpide et irréfutable ! Merci Stéphanie
Stéphanie BITEAU
28 avril 2020 @ 2:53 am
Je vous en prie 🙂