…Aime la belle cuisine d’Alexandre Couillon – Marine, végétal et avis contraires
Y dormir, le nouveau plaisir.
Y manger, le bonheur répété.
Il faut vraiment admettre que l’expérience est réellement complète maintenant qu’il est possible de se glisser sous la couette de la maison Moizeau après s’être glissée à une table de la Marine. Ceci dit, il ne faut pas oublier que l’organe vital est bien l’assiette… Parlons-en de cette assiette. Parlons aussi de la nécessité de ne pas se fier. A quoi? A l’avis des autres, et parfois même à son propre avis.
Avant ma venue, Céline et Alexandre ont eu la visite d’un ami worldwide foodie comme moi. Il vient de Belgique. Il fréquente les mêmes maisons que moi, et nous savons avoir les mêmes goûts en terme de cuisine et d’Hommes. Il était excité et impatient de sa première fois à la Marine… Alors qu’il est au 2/3 de son repas, il m’envoie un message dépité. Dilip est en train de passer à côté. Il s’est fié aux avis de milliers (dizaine de milliers) de personnes, fans sans retenue, et n’a pas aimé… Entre autres, il me parle de combinaisons bizarres, et de cette pirouette pourtant bien représentative du style Couillon :
Carpaccio de daurade / cerise / yaourt à la menthe
A vous aussi cela parait étrange? Le duo mer et cerise est assez facile à imaginer (Quique Dacosta le décline depuis longtemps par exemple – Alex aussi d’ailleurs). Menthe & poisson semble assez évident. Mais yaourt?… Cette intrusion inattendue du produit laitier dans une assiette d’Alex s’est déjà vue – Nous n’oublierons pas l’étonnant turbot accompagné de melon, courgette et … chèvre frais! (*) Alex manipule la note laiteuse, qu’elle soit de vache ou de chèvre avec mesure et sait lui donner un rôle de liant peu gras intéressant et séduisant aux côtés des produits de la mer.
(*) @Alex : je le re-mangerais bien d’ailleurs 😉
Comme je ne suis absolument pas objective lors de mes jugements sur les copains Chefs, j’ai décidé de ne retenir que l’avis des autres. Tout d’abord il y a eu en direct, l’avis de Marie qui m’accompagne. Cet avis ne s’est pas fait attendre. Alors que ce carpaccio de daurade déroutant est notre Xième service, elle ne sait retenir dès le début de sa dégustation un « Alors là, je suis bluffée!« . Croyez-moi, ce « je suis bluffée » était totalement spontané (et largement partagé par moi-même – mais nous avons dit que mon avis ne compte pas ; je me tais)…
Après ce dîner, je tapais la causette et dé-briefais du menu avec d’autres hôtes de la maison Moizeau, Belges également et grands connaisseurs. Comme j’avais eu l’avis de Dilip, je les questionnais sans attendre sur ce drôle de carpaccio. Le verdict tombe : Il fut un de leur « eat » (ouf!)…
Puis je découvrais à mon retour à Paris, les mots de Serge, dit Hedofoodia, que je copie-colle pour vous : « Le plat qui suit et qui est nouveau sera probablement celui qui nous aura le plus ébranlés. La daurade royale, cerise et yaourt à la menthe. Quelque chose entre un sashimi, un ceviche et un carpaccio, un poisson d’une incroyable fraîcheur avec une sauce à base d’huile de figues, et quelques pousses sur le dessus…/… La cerise amènera une touche parfumée, légèrement douce et acide, les petites touches de yaourt un côté crémeux et herbeux. Une assiette jubilatoire, pleine de fraîcheur et impressionnante de justesse au niveau des associations. »
Pour finir, je citerai la note de Déborah (La Librairie Gourmande alors vous imaginez bien qu’elle sait de quoi elle parle) : « Pagre de ligne, cerise & yaourt à la menthe. J’avoue être passée complètement à côté de ce plat, que je n’ai pas compris. Trop fade pour moi, je n’ai pas réussi à en apprécier toute la subtilité (à part la fraîcheur incroyable du poisson cru). »
Pause dans mon discours pour ce visuel du turbot / haricots verts / capucine
Du marin, du végétal, de l’épure … que du sublime !
Vous devez vous demander pourquoi je vous écris tout ça. Parce que je ne cesserai jamais d’expliquer combien un avis sur un restaurant est personnel ! Il y a 3 ans, j’ai vécu 2 moments absolument différents chez le même Chef à 3 jours d’intervalle! Un très mauvais, puis un excellent. Si je m’étais arrêtée au premier dîner, je serais passée à côté de la superbe cuisine de Gert de Mangeleer que j’adore!! Il faut comprendre que visiter un restaurant pour la première fois, c’est comme parler un petit moment avec quelqu’un qu’on ne connait pas. Parfois le courant passe à la première seconde, mais d’autres fois, on ne sent pas la personne et il faudra plusieurs échanges pour devenir les meilleurs amis du monde… Il n’y a rien de plus subjectif et inexplicable que notre ressenti sur un moment à table… Peut-être que l’équipe de la Marine n’était pas au sommet de son possible lors de la visite de Dilip, perturbée par l’ouverture imminente des chambres… Peut-être que Dilip n’était pas accompagné des bonnes personnes. Ou avait-il simplement bu un café de trop avant d’arriver?… Nous ne sommes pas toujours dans une humeur prête à recevoir, combien nous pensons l’être d’ailleurs. Il faut bien comprendre cette dimension inconsciente et impalpable d’une expérience gastronomique, dimension qui vient rendre caduque un grand nombre de critiques négatives que beaucoup jètent en pâture sur la toile, sans songer à leur impact sur le moral du Chef qui découvre ces coups de poing en général en fin de service après une journée de 14 heures (au mieux) ponctuées de problèmes.
… et ça me rend dingue!
@ Dilip : j’espère que tu me feras suffisamment confiance
pour m’accompagner chez Alex pour la contre-visite
@ Serge : je vous laisse débattre avec Dilip
@Débo : c’est canon hein!!?!? Sont vraiment au top nos Vendéens !