… Aime relever le défi locavore – Etape 6 : cartographie des producteurs, cochon pailleux et premières questions
La cartographe des producteurs est une étape franchement fun ! L’idée est simple : pour pouvoir préparer un repas 100% fait à base de produits locaux, il faut commencer par savoir ce qu’il y en a dans les « rayons du magasin ». Pour mémoire, le défi locavore autorise des produits à 51 kms autour de l’épicentre. Nous avons donc mené une minutieuse enquête et calculé de nombreux itinéraires!
Tous les moyens ont été utilisés : Tournée des marchés de producteurs locaux, offices de tourisme, liste des fournisseurs locaux de la biocoop maraichine, sondage auprès des magasins de producteurs locaux et vrac, le Collectif Court-Circuit bien sûr, les copains producteurs aussi, les sites des mairies (car beaucoup affichent maintenant la liste des producteurs de leur circonscription), internet, les AMAP, les ventes à la ferme, le rayon « produits locaux » de l’hyper du coin, etc., etc., etc. Un vrai travail de fourmis hyper sympa à faire, car il passe, entre autres, par des échanges humains et de nouvelles rencontres.
Tout cela a donné une carte bien dense révélant que notre « magasin territorial » est superbement achalandé et que nous avons toute la matière pour préparer un repas chic, pas cher et peu carboné comme le demande le cahier des charges du défi.
Cliquez sur le carré en haut à droite pour agrandir la carte…
Cette carte n’est certainement pas exhaustive et je m’excuse pour les absents…
La majorité des producteurs cités sont labellisés bio, mais pas tous. En effet, la question du bio s’est posée : dans la promotion de la résilience alimentaire, faut-il privilégier un producteur en bio mais situé loin, ou un producteur non bio mais situé dans notre village?… Quid des producteurs qui ne sont pas bio parce que le dossier à remplir est un calvaire?… Quid de la part d’ombre du bio qui permet parfois l’utilisation de produits pas top top?… Et ce bio vendu emballé alors qu’on peut acheter non bio en vrac?… Le défi locavore peut-il inclure un producteur en conversion?…
Groin de cochon trop mignon !
Difficile pour nous de faire un repas locavore à un hôte d’exception – Stéphane Linou -, sans rendre hommage à l’incontournable « Mogette-jambon » Vendéen (Souvenez-vous, la fameuse gralée…). Par chance, à 6,7 kms de l’épicentre du défi, sont installés Léa, Magali, Cyrille, et leur élevage de cochons « Au Cochon Pailleux ». Ce sont eux qui nous ont fait nous poser les premières questions.
Magali et Léa
La ferme du Cochon Pailleux n’est pas officiellement en bio. Devons-nous chercher du cochon plus loin? Plutôt que de hercher ce qu’ils ne sont pas, nous avons cherché ce qu’ils sont et leur avons rendu visite ! Là encore cela suscite des questions sur l’élevage, son impact, sa gestion… Lea, Magali et Cyrille ont repris cette ferme il y a 6 ans. Un très joli lieu pour habiter et travailler, au calme, dans la campagne bocagère de Chateauneuf (85). Sur cette ferme, ils élèvent des cochons, des chèvres et des lapins. Point incroyable à l’époque actuelle, la ferme du Cochon Pailleux est autonome en alimentation de ses animaux. Un vrai tour de force ! Foin et graines sont produits sur les 100 hectares qui entourent le site – magnifique. Les cochons profitent également de légumes moches fournis par les voisins maraichers et du petit-lait issu de la fabrication du fromage de chèvre. Quand on prône la résilience et le zéro gaspillage, on se dit que c’est gagnant. Bien sûr, on préférerait que l’abattage et la découpe se fassent aussi sur le territoire, mais pour le moment, cela se passe dans le 49… La vie des animaux? Cela pose toujours question… En ce mois bien froid de février, tout le monde est au chaud sur lit de paille. Durant ma visite, à voir comme ils sont affectueux avec moi alors qu’ils ne me connaissent pas, je me dis que ces animaux-là sont choyés et câlinés quotidiennement. Aux beaux jours, les chèvres retrouveront leurs extérieurs, certaines sur la ferme et d’autres en écopâturage. Les cochons, eux, sont confinés. Magali et Léa voudraient qu’ils aient leur espace de liberté en extérieur mais ils ne doivent en aucun cas croiser le chemin des sangliers, or l’installation des clôtures coûte cher. Elle est en projet mais pas encore réalisée.
En remontant la route de leur ferme à chez moi, je me suis mise à réfléchir à ce dernier point : bien sûr j’aurais envie que ces cochons vivent en plein air. Mais si, pour cela, des dizaines d’hectares doivent être clôturés, privant ainsi la biodiversité sauvage d’espace, est-ce vraiment une bonne solution? J’aime le cochon. J’ai encore envie de savourer de bonnes rillettes locales. Pour cela, faut-il privilégier le bien-être des cochons en leur réservant des espaces clôturés? Ou faut-il garder les cochons dans des petits enclos afin de réserver les grands espaces aux sangliers, biches, lièvres, etc.?
C’est une question. Il y en a beaucoup d’autres.
En ce qui concerne le cochon de notre défi locavore, nous avons opté pour celui du Cochon Pailleux. Non, ils ne sont pas labellisés bio. Non, la transformation n’est pas faite sur notre territoire. Mais, oui, ils sont un acteur majeur de notre résilience. Oui, ils sont fortement intégrés au tissus d’activités locales. Ils développent des bonnes pratiques en répondant à leur bon sens au lieu de celui parfois douteux de cahiers des charges imparfaits. Ils travaillent à diversifier leur ferme en développant l’activité fromage, et rêvent déjà de fabriquer leurs savons au lait de chèvre. Ils cogitent à une solution pour remplacer le plastique de leurs emballages par une matière biodégradable. Bref, ils ne sont pas au bout du chemin mais ils sont sur le chemin.
Cerise sur le gâteau, ils sont vraiment hyper sympas et accueillants. Personnellement, je serai fière de cuisiner leur produit lors de notre grand défi!
Biquettes toutes choupettes
La camion à retrouver sur les marchés
L’ensemble de cette démarche et sa cohorte de questions nous amènent à la question fondamentale : quel consommateur voulons-nous être?… Parce que si, déjà, chaque consommateur commence à se poser des questions dans ses actes d’achat, alors ce sera un grand pas vers une consommation éclairée, consciente et à n’en pas douter, résiliente.
Au Cochon Pailleux
https://www.aucochonpailleux.fr/fr
Les Lassières, 85710 Chateauneuf
Vente directe à la ferme : tous les mercredis 15h30 – 19h, jeudis 15h30 -19h et vendredis 10h30 – 19h.
Réservation de colis en ligne ou vente au détail.
Les marchés :
- Mercredi 8h – 13h : Barbâtre
- Jeudi 8h – 13h : La Guérinière
- 3éme Vendredi 16h – 20h : Sallertaine (le 3e de chaque mois)
- 4éme Vendredi 16h – 19h : Châteauneuf (le 4e de chaque mois)
- Samedi 8h – 12h30 : Bouin
- Dimanche 8h – 12h30 : Bois de Céné